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L'inscription datant l'iconostase de l'ancienne église
 
Icône de la Mère de Dieu avec l'Enfant, œuvre de Mikhaël Mhanna al-Qodsi (Fin XIXe siècle)
 
La procession des Rameaux autour de l'ancienne église, dans les années 1950
 
L'inscription au bas de la grande croix
 
Saint Georges peint par Mikhaïl Mhanna al-Qodsi
 
La couverture de tuiles rouges installée en 2009
 
Montant et linteau du portail
de l´ancienne église
 
Une épitaphe de 1865 incisée dans cinq cartouches
 
Dans ce cartouche, on déchiffre en haut à gauche l´année 1865
 
Église Saint Georges (Mar Gerios) de Broummana

Notice historique

Édifiée en 1962, l'église Saint-Georges, que l'on dit "Mar Gerios" en arabe populaire, est une construction très audacieuse pour son époque. C'est un des rares monuments religieux à faire un tel étalage du modernisme architectural qui a caractérisé le Liban durant les années 1960.

Cette église moderne est construite à l'emplacement d'une ancienne qui était dédiée au même saint. Elle fut conçue par l'architecte Samir Khairallah qui se serait inspiré d'un prototype se trouvant à Montréal, au Canada.

La mise à profit des facultés du béton armé a engendré des innovations tant formelles que techniques :

  • Un plan en étoile sous une toiture en accordéon.
  • D'imposants piliers extérieurs de forme géométrique, assortis chacun d'un dispositif antisismique raccordant les piliers à la toiture.
  • Des murs-rideaux disposés dans des châssis métalliques et surmontés de grandes baies vitrées.
  • Une fine et très haute tour de clocher à cinq niveaux, composée de barres parallèles dressées.

Cette église a l'aspect d'une vaste tente dressée sur le sommet de la colline de Broummana. Ses dimensions sont toutefois modérées à la vue par la hauteur de la tour  du clocher et la légèreté de son profil. La composition tranche en tout cas avec son environnement et en impose au regard, encore aujourd'hui. En 2009, la toiture fut revêtue de tuiles rouges.

Les murs extérieurs sont entièrement revêtus de pierres taillées de croix grecques stylisées. Ils sont l'œuvre du maître-maçon Élias al-Batrouni et de son fils Youssef, et des maîtres-constructeurs Neemtallah Abou Fadel et Mitri Kenaan. L'étoile à huit pointes du plan renvoie à une croix de lumière inscriptible dans un cercle. Placer les piliers à l'extérieur a déterminé un espace intérieur vaste et libre de tout obstacle, autorisant une parfaite acoustique. Cette disposition, pour être symbolique, permet encore de percevoir, dès l'entrée, la totalité de l'église. Elle attire aussi le regard vers le centre de la voûte, occupé par une fresque du Christ Pantocrator.

Le système décoratif de la voûte obéit naturellement au programme iconographique de la tradition grecque-orthodoxe. Des images d'anges, puis celles de saints prophètes ou apôtres groupés par deux, occupent les deux registres supérieurs, tout autour du Christ. Sur les parties inférieures de la voûte, apparaissent des scènes narratives des différentes étapes de la vie du Christ. Cet ensemble, peint sur un fond clair et étoilé, est une œuvre réalisée dans les années 1980 par l'archimandrite Sofian Boghiu, assisté par les frères Michel et Gabriel Morochan, tous les trois de nationalité roumaine. Enfin, sur les rebords de la toiture qui dépassent à l'extérieur, sont peintes par ces mêmes artistes des fresques représentant prophètes, juges et rois du l'Ancien Testament.

Une iconostase métallique moderne fut envisagée, mais l'idée n'a pas été maintenue. C'est donc l'iconostase en marbre de l'église ancienne, celle qui précéda au même emplacement l'actuelle, qui fut réutilisée. La vieille église ayant été plus étroite que l'actuelle, l'iconostase ancienne datant de 1883 fut alors élargie par l'adjonction de deux pans latéraux. Ce travail fut confié aux maîtres-marbriers Riyad Khouri et Émile Béchara, sous la supervision d'Amin Toubia al-Achkar. Les grandes icônes qui furent dessinées pour l'iconostase métallique ne furent non plus incorporées ; elles sont maintenant disposées sur les deux côtés intérieurs de la porte occidentale de l'édifice et sur ceux du khoros. Elles ont été peintes vers 1965, par Nicolas Majdalani.

La grande croix et les icônes des apôtres de l'architrave proviennent également de l'ancienne église. Elles sont l'œuvre de Mikhaïl Mhanna al-Qodsi qui les a peints en 1885. De la main du même peintre, sont les quatre grandes icônes anciennes qui se trouvent dans le bema. Celles qui sont exposées aujourd'hui sur l'iconostase ont été produites dans les années 1990, par les religieuses Ioanna et Dominica du monastère de Kaftoun dans le caza de Batroun.

À la porte d'entrée sud, on note deux autres icônes. L'une est exécutée par Neemeh Nasser Homsi au XIXe siècle. Elle représente les Trois Docteurs. L'autre est sous verre et figure Saint Georges. Elle proviendrait de Port Saïd, comme le suggère une écriture en grec qui la date de 1933.

L'ancienne église avait été élevée en 1880, quand l'église historique de Mar Chaaya (Saint Isaïe), située un peu plus loin sur la même rue, fut jugée exigue en rapport avec l'importance démographique de la paroisse à cette période.

Comme dans la majeure partie des églises nouvelles du Mont Liban rural de cette époque, Saint-Georges la vieille avait la forme d'un bloc parallélépipède en pierre calcaire taillée et d'aspect sobre. N'était-ce sa hauteur et la présence du clocher, aucun décor particulier ne la distinguait en effet des habitations traditionnelles voisines, dont certaines survivent encore à proximité de l'église ou du côté de l'ancien sérail, aujourd'hui le couvent des Filles de la Charité.

Cette église de plan rectangulaire avait un chevet plat. Elle était ceinte de murs épais, portant une voûte en berceau couverte d'une toiture plate en terre. Il semble qu'elle s'écartait légèrement de l'axe normatif ouest-est.

À l'intérieur, la largeur ne devait pas excéder les cinq mètres, à juger de la dimension de l'iconostase en marbre en remploi dans l'église actuelle, et les murs étaient enduits à la chaux et peints des motifs géométriques colorés sur les parties supérieures et sur la voûte, comme on le voit encore à Mar Chaaya, dans le vieux Broummana.

Des escaliers extérieurs en pierre, appareillés à mi-hauteur du mur selon le savoir faire d'alors, permettaient d'accéder au toit, à l'aide d'une échelle mobile en bois. Le clocher, qui se trouvait sur le côté sud-est de ce toit, a été transféré à Mar Chaaya.

On pénétrait dans ce monument par deux portes : l'une ouverte naturellement au centre de la façade ouest et l'autre donnant sur la ruelle historique qui longe toujours la propriété sur son côté nord et qui était alors une des deux voies principales qui traversaient le village. La rue large actuelle qui passe sur le côté sud et par laquelle on accède aujourd'hui à l'église moderne n'était alors qu'un chemin secondaire en terre battue et en tout cas inhabité.

Derrière l'église moderne, on trouve encore au sol les montants en pierre sculptés de pilastres de ces deux portes et un linteau sculpté de croix tréflées. L'autre linteau a été employé dans la porte d'entrée de la tour moderne du clocher.

Saint Georges la vieille était aussi appelée "Al-Moscobiyé", sans doute en raison des subventions de la Russie tsariste qui ont aidé à sa construction.

L'ancien cimetière faisait face à cette église du côté occidental. Dans les années, 1860, le terrain fut cédé à la communauté maronite qui y fit dernièrement construire une salle pour sa paroisse. De ce cimetière, survit une pierre tombale taillée de cartouches portant une épitaphe aujourd'hui presque illisible. On en déchiffre l'année 1865. Cette pierre se trouve dans le petit espace de verdure aménagé sur le côté ouest de l'église. Un autre petit cimetière se trouvait en contrebas de l'église, du côté oriental de la rue. Le tout fut transféré à la rue Boulatia, dans les années 1970.

Tout renseignement historique susceptible d'enrichir ce texte ou de le nuancer est le bienvenu. Pour nous contacter :
mdavie@univ-tours.fr
george.fberbary@balamand.edu.lb

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© Université de Balamand, Mise à jour septembre 25, 2018